Billets qui ont 'Illusions perdues' comme oeuvre.

Départ

Toutes les vacances le réveil a sonné à huit heures et demie. Notre vision de la grasse mat.

Départ prévu à deux heures. Croissants sur la terrasse. Arrosage des plantes en pot (il est prévu ici de fortes chaleurs la semaine prochaine). Rangement rapide de la maison (qui n'est désormais jamais vraiment en désordre, même si H me reproche de m'étaler). Fermeture de toutes les fenêtres (ça n'arrive jamais). Valises, je compte les jours sur mes doigts, six jours, sept robes, une que je sais que je ne mettrai pas car elle a de petites bretelles et il est prévu de la pluie, mais je ne la porte jamais, alors je l'emmène. Espoir et bêtise); un pantalon blanc pour demain (plus confortable en voiture, la peau sur le siège est désagréable); les sous-vêtements (leur couleur, leur texture, les bretelles amovibles pour être invisibles selon le tissu et la coupe de la robe (ces détails pour les messieurs qui se demanderaient comment une dame fait ses valises)); les chaussures (plates parce que c'est les vacances, mais malgré tout la paire dorée au cas où, et aussi parce que les robes plus courtes sont plus jolies avec un petit talon (non pas de basketts ou sneakers avec des robes. Ce refus catégorique est le signe le plus sûr de ma ringardise (je suis vintage d'esprit), je ne comprends pas qu'on en soit arrivé là, je me souviens du temps où l'on se moquait des basketts-costards des Américains, ça fait longtemps que c'est oublié, c'est un signe d'américanisation bien plus profond que le globish)); la trousse de toilette (le maquillage et le démaquillant sont lourds); des kleenex et des boules quiès; le pyjama, un gilet, j'ai fini. J'ajoute un livre, un seul (Balzac et son monde), je sais par expérience que je n'aurai pas le temps de lire. Et l'ordinateur et les chargeurs.

Je fais tout cela en écoutant la fin des Illusions perdues. Ce roman sur les éditeurs et les relations de la presse avec la politique me paraît tout à fait d'actualité, il suffit de lire ce billet de blog sur Paris-Match.

De son côté H prépare son matériel informatique: peut-il utiliser les deux ipads comme écran d'appoint (non); a-t-il téléchargé ce dont il aura besoin (car le débit sera faible à Cerisy); clavier, souris, chargeurs, fils divers. Cela représente un sac à côté de sa valise de fringues (pour être juste, reconnaissons que ce sac contient aussi un peignoir).

Je pensais avoir le temps de repasser: non. Repas tomates mozarella tartelette aux fraises, nous sommes prêts avec dix minutes d'avance. Dix minutes de retard après le chargement de la voiture (en évitant d'écraser un escargot à la coquille fêlée ce qui fait que je ne peux le déplacer).

Départ, petites routes dans la forêt vers Milly, Beauce vers Chartres, nous écoutons la tribune des critiques de disques, Schubert, toujours instructive (beaucoup aimé le Stabat Mater de Poulenc la semaine dernière).

Hôtel à Maintenon, celui de 2019 je pense (ou 2018?) Il m'avait laissé un très bon souvenir, il a survécu au confinement. Une demi-heure dans la piscine non chlorée, un quart d'heure au sauna.
Et excellent restaurant, une côte de veau d'anthologie.

J'ai oublié ma parka, j'espère qu'il pleuvra moins que prévu (hum).

Book d'oreilles

Ayant terminé (avalé) The boys, je me dis une fois de plus d'une part que les séries me mangent mon temps (donc ma vie) et que je devrais arrêter cette addiction, d'autre part qu'il va falloir recommencer à en chercher une qui vaille la peine (quête frustrante car offrant beaucoup de déceptions).

C'est à ce moment-là que je me suis dit qu'il faudrait revenir à Balzac. Le colloque est dans trois semaines et je n'ai lu qu'un tome et demie de pléiade. A la vérité je n'ai pas le courage de lire. Ça me fatigue les yeux, je ne tiens pas assise, j'ai les muscles qui chauffent. Je ne sais plus me détendre. Il faudrait ajuster mes lunettes.
J'ai donc fait une recherche sur les livres enregistrés et je suis tombée sur Book d'oreilles. (C'est nul mais ça me fait rire).

J'ai téléchargé Illusions perdues. Je l'ai lu il y a très longtemps, en 1986, en première année à Sciences-Po. Je me souviens qu'au fur à mesure que je lisais les descriptions de la morgue angoumoisine, je comprenais mieux ce qui m'était arrivé l'année précédente en hypokhâgne à Versailles: «tous avaient pour lui l’accablante politesse dont usent les gens comme il faut avec leurs inférieurs.»
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.